Guilt trip

Ou randonnée en C mafote.

(NB : les réflexions qui suivent sont bien jolies mais l’auteur tient à dire qu’il est pour l’instant incapable de les mettre en application, mais souhaiterait tendre vers ça, rapidement.)

Une des personnes que j’aime le plus lire sur la blogosphère a récemment posté un article sur « The Road Not Taken« , un poème de Robert Frost qui parle de… Beh tiens, allez donc vous instruire un coup, et profitez des réflexions  de Lexxie, je les trouve plus que pertinentes : Da Roat Not Taken.

Pour les plus grosses flemmouzes, les accros synthétiques du tl;dr, je résume : la vie = des choix, ces choix = pas toujours faciles, mais en fait ils pourraient l’être, lorsqu’on réalise que y’a pas de bon ou de mauvais chemin, juste celui qu’on décide d’emprunter. Bref (c’est le cas de le dire…), le processus de prise de décision est parfois un chemin qui paraît semé d’embûches tant on manque de trébucher sur une multitude d’obstacles. Il y a le caillou du « qu’en dira-t-on », qui pour certains relève plus d’un parcours du combattant aux allures de supplice de Sisyphe, et ses variations sympathiques : peur de l’avis d’étrangers complets, peur de la réaction des gens les plus proches, et autres réjouissances oppressantes. Il y a ensuite le fossé du « mais… et si je me plante? », et ici, je vais être méta et me renvoyer à mes propres écrits : The Ghost of Future Hypothetical Misshaps. ‘Nuff said. Je pourrais lister et lister et lister encore un peu plus, parce que les différents cahots sur la route vers un choix serein sont aussi nombreux que nos inquiétudes et nos personnalités, on trouve des pentes boueuses, des graviers dans nos chaussures, des crevasses dissimulées sous un buisson de mûres, un lacet défait, et même des arbres qui surgissent inopinément et qu’on se mange sans savoir ce qui se passe.

Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est quand on a l’impression de s’être planté de route, ou d’être en train d’emprunter le mauvais chemin.

Parce que dans ce cas là, pour ma part, je ne tombe pas. Je me fige, j’arrête d’avancer et j’ai l’impression d’être au sommet d’un pic rocheux, et que si je prends un pas de plus, c’est la chute assurée, direction côtes cassées et poumons vidés. Mais l’alternative de rester bloqué n’est  pas franchement réjouissante non plus. Et ce sentiment messieurs dames, un de ceux que j’abhorre le plus au monde, est la culpabilité. Qu’elle soit a priori ou a posteriori, c’est l’obstacle le plus douloureux, pénible, destructeur et stérile que j’ai pu rencontrer jusqu’ici.

Qu’est-ce que je fais quand je me sens coupable? Je regrette d’avoir été moi. Purement et simplement. Je me maudis d’avoir à un instant précis pris une décision, agit d’une manière qui ne pouvait qu’être mienne. Hors, pour reprendre le poème de Bob le givré, lorsqu’on a choisi de se lancer sur une route, on peut certes argumenter qu’on peut toujours rebrousser chemin (et encore…), mais le fait est qu’en premier lieu on a choisi un  chemin, et on ne peut pas changer quoi que ce soit à cet état de fait, le sol qu’on a foulé de prime abord fait désormais partie intégrante de la personne que l’on est. On peut le nier, ignorer les répercussions éventuelles, se mentir ou mentir au monde, on peut tenter d’effacer le passé, mais on a beau vouloir faire de notre vie une ardoise magique, nos choix sont gravés dans les pierres qui jalonnent les sentiers qu’on parcourt…

C’est une des pensées les plus abominablement violentes que de se dire « Je suis l’erreur que j’ai commise (ou que j’ai cru commettre)… ». Et pourtant l’amalgame est si vite fait… « Je suis trop con d’avoir fait, j’suis vraiment une merde, pourquoi est-ce qu’il a fallu que je l’ouvre encore, je suis pas digne de me sentir bien… » Je ne mérite pas d’être heureux. Personnellement ça me donne l’impression d’avoir enfoncé la tête de mon estime de moi sous l’eau glaciale des regrets et de l’avoir bourrée de coups de poing jusqu’à en détruire ma propre valeur.

Mais comment est-ce que je peux faire… Comment me sortir de ça… Après tout mon choix était bel et bien merdiqCHUT! Calmos. 

  • Pour commencer, on va ranger le fouet, il ne sert à rien.
  • Ensuite on va faire la part des choses. S’interroger sur les raisons de cette culpabilité. Pourquoi regretter?  Est-ce que je pense authentiquement m’être planté? Parce que si oui, alors me flageller ne fera que de marquer encore plus cette haine envers moi à même ma chair. Donc si on estime réellement que la décision n’était pas adaptée, pourquoi ne pas…
  • Accepter de s’être trompé? Et là je fais un renvoi futur à un article qui va apparaître sous peu (normalement, si jamais j’oublie de mettre le lien, tapez-moi gentiment sur la main^^), article qui portera sur le rapport à l’erreur… Voir que ce que j’ai mal fait n’est pas ce que je suis, c’est une part de moi certes, mais je ne me résume pas aux moments où je trébuche. et de là voir ce que je peux faire. Voir quels besoins n’ont pas été satisfaits, quels besoins ont été parfois carrément malmenés, et comment je peux les satisfaire à l’avenir.
  • Mais est-ce que je regrette vraiment, ou est-ce que je CROIS que je devrais être honteux? Est-ce que je suis si inconfortable avec ce que je suis, avec ces décisions prises par moi et par moi uniquement? Car oui, je suis le seul preneur de décisions.

Je veux vraiment travailler à m’entendre. Ecouter de mes oreilles, observer de mes yeux, et choisir le chemin qui me semble le plus agréable à prendre, qui me mènera vers la destination de mon choix, vers un bonheur plus grand et plus exhaustif, afin de me sentir bien avec ce que je suis… Et je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas de ne pas écouter l’avis des autres, ou même de prendre des décisions sans prendre en considération comment elles pourront être vécues, juste d’être fidèle à soi-même.

Two roads diverged in a wood, and I –
I took the one that only myself led me to,
And that has made all the difference.

(Wé genre l’autre il réécrit Frost…)

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5 commentaires pour Guilt trip

  1. Lexxie dit :

    C’est marrant, tu exploite la partie du sujet que je me suis abstenue d’exprimer pour ne pas trop m’étendre, et je suis tout à fait d’accord avec ce que tu exprimes ! On se complète bien. Et puis Invictus..

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  3. Lil' Bro dit :

    Ah bah voilà, je le redis : la boucle est bouclée:D
    Après y’a tellement à dire sur le sujet… je pense que le prochain article rejoindra celui-ci et le tien…
    Tu sais que j’ai toujours pas vu le film?^^

  4. papayéti dit :

    Merci de lancer la réflexion sur la culpabilité… De la culpabilité à la responsabilité, il y a un pas que chacun-e peut franchir. Nous en avons déjà échangé je crois? On en recause? bizezatoutézatousse

  5. His son dit :

    Oh oui c’est une discussion qui revient inlassablement, parce que c’est un processus long et pas toujours simple…

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