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Ou le RPG scolaire.

(Pré-précision : j’ai écrit le brouillon de cet article pendant mon stage, il était donc sensé venir AVANT l’article publié il y a quelques temps sur la culpabilité, ce qui explique que j’y fasse référence au FUTUR, et que dans l’intro je… vous comprendrez. Ça m’apprendra à pas publier les choses dans l’ordre…)

Avant toute chose, je tiens à présenter mes plus plates excuses (aussi plates qu’Ellen Page) aux 7 personnes qui lisent ce blog, pour mon silence et pour mon manque cruel de considération à votre égard… En même temps, maintenant que j’y pense, j’avais rien promis et j’étais surbooké alors je vois pas pourquoi vous montez sur vos petits poneys comme ça! Non mais… Murf, pardon, je suis un peu sur les nerfs en ce moment. J’en suis actuellement (Le actuellement de quand j’étais en stage, capisci?) à ma troisième semaine de stage en collège, où je joue les apprentis-profs devant quatre classes, et accessoirement devant l’enseignante qui me suit pendant cette épreuve. Forcément, je débute, je trébuche, je tâtonne, je me plante, je recommence, en bref c’est loin d’être parfait… très loin même… genre la même distance qui sépare Zach Galifianakis ou Russell Brand de la banalité. Et en bon bileux, je me mets une pression monstre. Ce qui nous amène d’ailleurs – ô la belleuh transitioooon – au thème qui nous intéresse aujourd’hui, qui est le…

Rapport à l’Erreur

Avant de crier « horreur », qu’est-ce qu’une erreur? C’est un manquement à la norme, une distorsion de la vérité – d’une vérité en tout cas, certaines sont subjectives – ou encore l’irrespect d’une règle établie, et souvent arbitraire. Lors d’un précédent stage, je m’étais étonné du fait que certains élèves se targuent d’être mauvais, et cherchent parfois à avoir la moins bonne note possible. Avec du recul, je serais prêt à parier que ce phénomène découle en partie du besoin d’appartenance à un groupe, accompagné du besoin de se dissocier du modèle « adulte » qui a servi d’exemple pendant l’enfance. Le fait de réussir scolairement étant prôné et même parfois exigé par les parents et par les enseignants, l’erreur et l’échec représentent un échappatoire, le moyen, THE moyen, de contester l’ordre établi. Bande de petits anarchistes.

Adolescents rebelles mis à part, l’erreur est pour beaucoup d’entre nous un concept associé à la honte, au découragement, à la frustration et tout un panel d’émotions plus réjouissantes les unes que les autres. Sans être la seule et unique cause, l’école est en grande partie responsable de ce rapport à l’erreur. En gros, l’école est comme un gigantesque jeu de rôle, et ceux qui se plaignent de devoir payer pour jouer à WoW devrait baisser d’un ton… Les profs sont les maîtres d’armes, les exos des monstres de base, les interros surprises des QTE, les contrôles de fin de séquence des boss, et la dame de la cantine un PNJ qui donne du free loot, souvent médiocre. Tant qu’on arrive à gérer, on level up de manière normale, on navigue de compétence en récompense et tout le monde il est content.

Mais si jamais on n’arrive pas à battre un boss, ou PIRE des bestioles de bas étage, on stagne, et tout le monde finit par nous voir comme un n00b de base. Malheureusement certains maîtres d’armes finissent par être les boss les plus flippants…

Et la chose la plus dure à ne pas perdre de vue, c’est que ce n’est pas parce qu’on n’arrive pas à tatanner un gus à un instant T qu’on n’y arrivera jamais. Seulement… dans un jeu il suffit de refaire le niveau, à l’école y’a pas de boutons sauvegarde/chargement rapide, juste une case « redoublement ». Pardon, « maintien ».

Pas simple de dissocier ce que je suis capable de faire de ce que je suis…

Ce que l’école a oublié de nous dire la coquine, c’est que dans « erreur », il y a « errer »… Je serais curieux de savoir combien d’élèves/étudiants voient l’apprentissage comme une aventure, une quête où l’on se perd parfois… Moi, personnellement, en ce qui me concerne, de mon point de vue, (kacedédi à qui se reconnaîtra^^) je veux apprendre à ne plus voir les erreurs comme des gigantesques parois de pierre qui m’empêchent de continuer à grimper, mais plutôt comme des marches – plus ou moins hautes – qui me servent à me hisser toujours un peu plus haut, plus prêt d’un hypothétique sommet… Je suis en train de lire un bouquin de Jean-Pierre Astolfi, où il explique que dans la majorité des cas, l’erreur est vue comme à la charge de l’élève -il est fainéant, dissipé, peu rigoureux, ou tout simplement nul – dans une perspective déterministe. De ce point de vue, les élèves comprendront s’ils s’en donnent les moyens. Donc s’ils ne saisissent pas, c’est bien de leur faute. bande de mollusques.

Dans un autre cas de figure, tributaire d’une approche comportementaliste où il suffit de bien enchaîner sa progression aux petits oignons et TADAAA tout le monde comprend *insert spakly rainbow here*, l’erreur est causée par un cours mal construit, et c’est le prof qui est fautif. Donc dans les deux cas, culpabilité ++.

Astolfi, monsieur pour qui j’ai beaucoup d’admiration à présent, propose donc une alternative, qui personnellement me plaît beaucoup : l’erreur est la preuve d’un progrès. Sans effort pas d’erreur, car si elle n’aboutit pas au résultat escompté, elle est la marque d’une démarche qui doit être reconnue, considérée, puis comprise afin de pouvoir instaurer un cheminement cognitif qui correspond à la « norme ». On peut même dire FUCK LA NORME et créer la nôtre. Anticonformisme que je t’aime…

Si on apprenait dès le début qu’une erreur peut être utilisée pour progresser, peut-être que le fait de se tromper au quotidien arrêterait d’être synonyme de culpabilité, de nullité et pour certains de paralysie. *this guyyyy*

Alors oui je sais, tout ça c’est bien compliqué, et bien plus facile à dire qu’à faire, et moi le premier je vis l’erreur de manière trèèèès très douloureuse parfois, et je me flagelle allègrement  avec des branches de jonc quand je me plante (branche, plante, get it?). Tout ce que je veux c’est tendre vers ça, pour moi, et pour mes futurs élèves…

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Guilt trip

Ou randonnée en C mafote.

(NB : les réflexions qui suivent sont bien jolies mais l’auteur tient à dire qu’il est pour l’instant incapable de les mettre en application, mais souhaiterait tendre vers ça, rapidement.)

Une des personnes que j’aime le plus lire sur la blogosphère a récemment posté un article sur « The Road Not Taken« , un poème de Robert Frost qui parle de… Beh tiens, allez donc vous instruire un coup, et profitez des réflexions  de Lexxie, je les trouve plus que pertinentes : Da Roat Not Taken.

Pour les plus grosses flemmouzes, les accros synthétiques du tl;dr, je résume : la vie = des choix, ces choix = pas toujours faciles, mais en fait ils pourraient l’être, lorsqu’on réalise que y’a pas de bon ou de mauvais chemin, juste celui qu’on décide d’emprunter. Bref (c’est le cas de le dire…), le processus de prise de décision est parfois un chemin qui paraît semé d’embûches tant on manque de trébucher sur une multitude d’obstacles. Il y a le caillou du « qu’en dira-t-on », qui pour certains relève plus d’un parcours du combattant aux allures de supplice de Sisyphe, et ses variations sympathiques : peur de l’avis d’étrangers complets, peur de la réaction des gens les plus proches, et autres réjouissances oppressantes. Il y a ensuite le fossé du « mais… et si je me plante? », et ici, je vais être méta et me renvoyer à mes propres écrits : The Ghost of Future Hypothetical Misshaps. ‘Nuff said. Je pourrais lister et lister et lister encore un peu plus, parce que les différents cahots sur la route vers un choix serein sont aussi nombreux que nos inquiétudes et nos personnalités, on trouve des pentes boueuses, des graviers dans nos chaussures, des crevasses dissimulées sous un buisson de mûres, un lacet défait, et même des arbres qui surgissent inopinément et qu’on se mange sans savoir ce qui se passe.

Mais ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est quand on a l’impression de s’être planté de route, ou d’être en train d’emprunter le mauvais chemin.

Parce que dans ce cas là, pour ma part, je ne tombe pas. Je me fige, j’arrête d’avancer et j’ai l’impression d’être au sommet d’un pic rocheux, et que si je prends un pas de plus, c’est la chute assurée, direction côtes cassées et poumons vidés. Mais l’alternative de rester bloqué n’est  pas franchement réjouissante non plus. Et ce sentiment messieurs dames, un de ceux que j’abhorre le plus au monde, est la culpabilité. Qu’elle soit a priori ou a posteriori, c’est l’obstacle le plus douloureux, pénible, destructeur et stérile que j’ai pu rencontrer jusqu’ici.

Qu’est-ce que je fais quand je me sens coupable? Je regrette d’avoir été moi. Purement et simplement. Je me maudis d’avoir à un instant précis pris une décision, agit d’une manière qui ne pouvait qu’être mienne. Hors, pour reprendre le poème de Bob le givré, lorsqu’on a choisi de se lancer sur une route, on peut certes argumenter qu’on peut toujours rebrousser chemin (et encore…), mais le fait est qu’en premier lieu on a choisi un  chemin, et on ne peut pas changer quoi que ce soit à cet état de fait, le sol qu’on a foulé de prime abord fait désormais partie intégrante de la personne que l’on est. On peut le nier, ignorer les répercussions éventuelles, se mentir ou mentir au monde, on peut tenter d’effacer le passé, mais on a beau vouloir faire de notre vie une ardoise magique, nos choix sont gravés dans les pierres qui jalonnent les sentiers qu’on parcourt…

C’est une des pensées les plus abominablement violentes que de se dire « Je suis l’erreur que j’ai commise (ou que j’ai cru commettre)… ». Et pourtant l’amalgame est si vite fait… « Je suis trop con d’avoir fait, j’suis vraiment une merde, pourquoi est-ce qu’il a fallu que je l’ouvre encore, je suis pas digne de me sentir bien… » Je ne mérite pas d’être heureux. Personnellement ça me donne l’impression d’avoir enfoncé la tête de mon estime de moi sous l’eau glaciale des regrets et de l’avoir bourrée de coups de poing jusqu’à en détruire ma propre valeur.

Mais comment est-ce que je peux faire… Comment me sortir de ça… Après tout mon choix était bel et bien merdiqCHUT! Calmos. 

  • Pour commencer, on va ranger le fouet, il ne sert à rien.
  • Ensuite on va faire la part des choses. S’interroger sur les raisons de cette culpabilité. Pourquoi regretter?  Est-ce que je pense authentiquement m’être planté? Parce que si oui, alors me flageller ne fera que de marquer encore plus cette haine envers moi à même ma chair. Donc si on estime réellement que la décision n’était pas adaptée, pourquoi ne pas…
  • Accepter de s’être trompé? Et là je fais un renvoi futur à un article qui va apparaître sous peu (normalement, si jamais j’oublie de mettre le lien, tapez-moi gentiment sur la main^^), article qui portera sur le rapport à l’erreur… Voir que ce que j’ai mal fait n’est pas ce que je suis, c’est une part de moi certes, mais je ne me résume pas aux moments où je trébuche. et de là voir ce que je peux faire. Voir quels besoins n’ont pas été satisfaits, quels besoins ont été parfois carrément malmenés, et comment je peux les satisfaire à l’avenir.
  • Mais est-ce que je regrette vraiment, ou est-ce que je CROIS que je devrais être honteux? Est-ce que je suis si inconfortable avec ce que je suis, avec ces décisions prises par moi et par moi uniquement? Car oui, je suis le seul preneur de décisions.

Je veux vraiment travailler à m’entendre. Ecouter de mes oreilles, observer de mes yeux, et choisir le chemin qui me semble le plus agréable à prendre, qui me mènera vers la destination de mon choix, vers un bonheur plus grand et plus exhaustif, afin de me sentir bien avec ce que je suis… Et je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas de ne pas écouter l’avis des autres, ou même de prendre des décisions sans prendre en considération comment elles pourront être vécues, juste d’être fidèle à soi-même.

Two roads diverged in a wood, and I –
I took the one that only myself led me to,
And that has made all the difference.

(Wé genre l’autre il réécrit Frost…)

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Möbius Time Strip

Ou le paradoxe de la 5ème étape

Si le monde était bien fait, le pendant de notre capacité à nous souvenir d’événements passés serait l’aptitude à prévoir l’avenir. D’aucuns vous diraient qu’en se fondant sur nos expériences passées, on peut supputer des enchaînements d’événements les plus probables, mais rien ne peut garantir que ces hypothèses s’avèrent correctes. Et soyons honnêtes, la perspective peut être flippante.

En principe.

Mais avant de considérer les raisons, tenants et aboutissants qui font que l’idée peut devenir acceptable voire plaisante, encore faudrait-il comprendre pourquoi elle est parfois génératrice d’anxiété. Prenons Simon, 20 ans, qui s’apprête à aller passer 4 mois et demi dans une contrée fort fort lointaine. Il va devoir vivre seul, entre les griffes d’autochtones farouches, en sachant qu’il ne maitrise que trois principes culinaires de base (réchauffer une conserve/un plat surgelé, faire cuire des pâtes, faire cuire du riz. Et encore, il continue de louper le dernier une fois sur trois. Si si c’est possible). Et il n’a aucun moyen de savoir comment ça va se passer, il n’a aucun, AUCUN moyen de savoir comment son séjour va se dérouler, si son anglais va être suffisant, s’il va réussir à vivre seul sans papamaman (entité omnisciente qui semble capable de résoudre tout problème…), loin de son confortable cocon quotidien, si les gens vont être choupi gentils, et par-dessus tout, si la bière va être bonne. Lâchons donc la bonne grosse évidence qui nous pend au nez : l’inconnu, ça fout les foies.

Notre besoin de sécurité et de sérénité sont allègrement malmenés par ce foutu imprévisible, et on se trouve parfois à essayer d’imaginer tous les scenarii possibles afin d’adapter notre réaction le moment venu. Seulement les effets secondaires – que l’on appellera ‘incidents fâcheux’ pour une raison qui échappera à la plupart d’entre vous mais qui délectera les initiés – sont fréquemment indésirables et probablement indésirés. Cerise sur le gâteau à la morve ? On n’a pas toujours conscience de provoquer ces effets. Et par ‘pas toujours’, j’entends ‘très très rarement’.

Incident fâcheux n°1 : On ne peut JAMAIS tout prévoir. Tépapotib. Exemple : vous rentrez du boulot quand PAF, un pneu crève. C’est pas de bol, mais pas de panique, vous êtes un être prévoyant qui plus est équipé d’un pneu de rechange et d’un cric. Vous entreprenez donc de remplacer la roue. Et au beau milieu de la manœuvre, vous tâchez votre magnifique veste crème (sérieux vous avez tabassez une mémé le matin-même pour avoir un karma de merde comme ça ?). Une fois encore, c’est con, mais pas d’inquiétude, vous jouissez de l’incroyable privilège d’être l’heureux détenteur d’une machine à laver, d’un baril de lessive, et même d’un adoucissant qui sent bon l’aloe vera. Et si ce n’est pas suffisant, K2R est votre ami. Ça, c’est être prévoyant.

Seulement ce que vous n’aviez pas considéré, c’est que vous aviez laissé une pièce de monnaie dans votre poche, pièce dont les bords sont devenus tranchants à force de frotter contre le tambour battant de la machine, bords qui ont fini par se coincer dans le tuyau d’arrivée d’eau et par le sectionner. L’accident, non content d’avoir inondé votre buanderie, n’est pas remboursé par l’assurance (True story).

Mais où est-ce que tu veux en venir à la fin ? On devrait ne rien prévoir et aller vivre nus dans les bois pour éviter les tracas quotidiens ? Tut tut tut. Pas trop vite. D’une : ne laissez pas de pièce dans vos poches, vous pourriez y perdre bien plus que quelques centimes. Et de deux, et oui c’est là qu’il fait ouvrir grand les esgourdes : le but n’est pas que vous vous mettiez à paranoïer et à vous retourner le cerveau à tenter de prévoir ce que la vie va pouvoir vous envoyer, ce que je veux dire c’est que certains trucs vont arriver, et c’est comme ça. (Sérieux, continuez de lire, mes conclusions sont vachement moins fatalistes !)

Incident fâcheux n°2 (optionnel) : à force de vouloir éviter qu’il vous arrive des merdes, vous finissez par vous lever toutes les heures pour vérifier que le gaz est bien éteint, par vous nettoyer les mains jusqu’à l’os pour chasser les germes et par porter une combinaison antiradiations pour réchauffer vos lentilles au micro-onde. Et un trouble obsessionnel compulsif, c’est pas drôle du tout (ayant passé trois heures dans un train assis en face d’un homme de l’âge de mon père qui  répétait inlassablement ‘Il faut que je me calme, j’embête tout le monde’, je peux vous dire que c’est vraiment pas agréable de souffrir de cette condition…)

Incident fâcheux n°3 : c’est là qu’on va commencer à voir que les choses ne sont pas nécessairement foutues (au début j’avais mis ‘que les carottes ne sont pas nécessairement cuites’, mais je trouve cette expression con, des carottes cuites c’est TROP BON ! Pourquoi est-ce que c’est associé à la fin des haricots ? (et celle-là je la comprends, parce que j’adore les haricots et si y’en avait plus je serai triste)). A sans arrêt chercher à anticiper ce qui va arriver, on risque de ne plus vivre ce qui se passe, ou dans une moindre mesure. Et très souvent, le fait de ne pas être à ce qu’on fait favorise les incidents fâcheux. Quand la serveuse vous a donné votre monnaie, si vous aviez été là, vous auriez peut-être pensé à la ranger au lieu de penser à ce que vous alliez faire en rentrant et de la fourrer machinalement dans votre poche. Et vous auriez pu sauver votre lave-linge.

Alors devant ces conséquences plutôt moisies, que faire ? Un premier réflexe, très humain, serait de vous mettre à courir nu dans la rue en hurlant en tibétain que Buddha n’était qu’un panda jusqu’à ce qu’on vous assigne une chambre avec vue sur mur capitonné. Ou de simplement de vous recroqueviller en position fœtale en attendant que votre vie défile devant vos yeux. Mais une troisième option s’offre à vous : lâcher prise.

Simplement accepter le fait qu’on ne sait pas de quoi le futur est fait, et que de le laisser nous accaparer notre attention nous enlève notre présent. Je ne dis pas de ne JAMAIS penser au plus tard, je ne me fais pas l’avocat d’une spontanéité si absolue qu’elle en deviendrait absurde, mais de réussir à réaliser quand on ne peut pas prévoir, et qu’on s’en sortirait probablement mieux en utilisant son énergie pour être là, au présent. (Comme le dit Maître Oogway, “The past is history, the future is a mystery, and the present if a gift. That’s why we call it the present.”)

Et oui, c’est pas toujours simple, mais j’ai jamais prétendu que ça l’était, je voulais juste donner mon opinion (qui a déjà dû être présentée 16000 fois avant moi, et mieux^^), et dire que j’estime qu’avec du boulot on peut y arriver…

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Ripples

Ou traité d’échonomie

 

Nos goûts et nos passions, nos principes et nos valeurs, nos idées et nos opinions, tous sont comme des galets jetés dans une mare conceptuelle collective. Une grosse mare. Or, à moins que les lois de la physique aient subi un bouleversement radical depuis jeudi dernier, une masse solide qui heurte une surface liquide plane ça fait des ronds, avec un épicentre et des anneaux concentriques et toussa.

Et, excepté pour les gens atteints du syndrome d’Asperger, qui ont eux leur petite flaque perso, on est tous affectés à des degrés variables par les galets jetés par nos comparses humanoïdes. Trois cas de figure se présentent alors :

– Les anneaux ne se croisent pas. Imaginez Michou, 67 ans, fan de strip-bridge et de pêche à la mouche, et Jennifer, 14 ans, groupie de Taylor Swift et petite peste à nos heures perdues (à l’écouter gninhinhin). A moins que Michou ne soit abonné au flux RSS de Rookie , ou que la petite Jenny ne se soit découvert une passion pour Yvette Horner, tenter d’initier une conversation entre les deux reviendrait à essayer de se faire s’accoupler un éléphant de mer et une douille à pâtisserie.

Cette indifférence mutuelle est donc sans conséquence, stérile, et je pense que les préjugés sont intimement liés à cela, cause et conséquence : on voit quelqu’un, et parce qu’il ne porte pas les mêmes chaussures, pace qu’on n’est pas nés au même siècle, on estime qu’essayer de trouver un terrain d’entente serait aussi productif qu’agrafer de l’eau à de l’hélium. Mais la vie m’a fréquemment montré qu’on est souvent surpris de voir que nos ondes aquatiques se croisent en réalité plus qu’on ne le penserait, et que de ne présumer de rien pourrait nous éviter de passer à côté de rencontres potentiellement enrichissantes (sans généraliser hein, y’a des gens qui m’intéressent autant qu’une coloscopie !)

– Les anneaux clashent. On a dernièrement eu un merveilleux aperçu du phénomène, quand plusieurs centaines de milliers de trouducs inconsidérés personnes ont récemment manifesté pour dire non au mariage gay et que plusieurs centaines de milliers d’autres ont fait de même pour y dire oui. Pourquoi a-t-on vu une telle animosité dans la foule ? Parce que les galets oui et les galets non, étant balancés dans la même zone de la mare, ont fait des ondes qui se sont rencontrées. Et disons simplement que ça ne s’est pas fait harmonieusement. Chaque faction a senti que son lancer  d’opinion ne pouvait pas s’épanouir en toute tranquillité, et a donc pensé que de lancer plein de cailloux ensemble donnerait un gros plouf, qui ferait taire le camp d’en face. On peut donc avoir des conséquences tout aussi stériles qu’avec l’indifférence si les deux galets refusent de se remettre en question (et je veux pas faire de prosélytisme mais ceux qui refusent le mariage pour tous sont ceux qui devraient voir que leurs opinions puent la fange médiévale sont discutables. Et on devrait leur donner un bain d’acide.)

Bien sûr, le clash n’est pas forcément aussi sismique, j’ai pris un exemple assez conséquent pour hyperboler la chôse, mais ce n’est pas parce que Jérôme aime le fromage de brebis et Martin non qu’ils vont descendre dans la rue pour se tataner à coups de pancartes et de slogans savamment pensés (d’ailleurs je veux pas en rajouter, mais BAM, BAM et BAM !)

– Les anneaux entrent en résonance. Si vous aimez un groupe de progressive post-metal obscur dont personne n’a jamais entendu parler, et que soudainement vous tombez nez-à-nez avec un gars/une fille arborant fièrement un t-shirt Anthropoctopussy Devastation, vous réalisez alors que vous n’êtes pas le seul à lancer vos galets dans ce coin là. Et quand on en lance deux au même endroit, ça fait des ondes plus intenses, et ça conforte nos goûts et nos idées et c’est joli à voir. Allez sur Youtube voir la section commentaire d’une chanson de Bieber quand des métalleux s’invitent, et vous verrez à quel point le besoin de validation collective est fort. Et à quel point l’anglais est une langue propice à des insultes plus fleuries les unes que les autres.

Et c’est probablement un des facteurs qui fait qu’on devient amis avec certains et d’autres non. On recherche des gens qui vont faire écho à ce qu’on est ou ce qu’on aspire à être, des gens qui nous rassurent sur notre propre valeur. (Même si l’amitié est à mes yeux bieeen plus que ça.)

Voilà, j’ai l’impression d’avoir sorti une évidence monumentale, mais j’étais satisfait de la métaphore ricochet, en espérant que mes ronds dans l’eau résonnent avec les vôtres (ou pas hein, j’aime quand ça clash aussi !)

Buh-bye bubs !

 

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Friendship and Real Estate

Ou le principe Wysteria Lane

 

          A la naissance, nous sommes toutes et tous des terrains en friche. On n’y voit goutte à 30 centimètres mais bon sang ce que l’horizon semble infini… Au fil des années, des habitations plus ou moins robustes et temporaires sont érigées sur le terrain susmentionné. Les tipis des tout petits où les bambins restent imperturbables, leur ‘non’ automatisé traumatisant et le ‘pourquoiiiii ?’ favori des papamamans chevillés à la couche, puis les cabanes enfantines où l’on croit avoir tout compris à la vie et où les histoires de cœur sont plus complexes que trois saisons des Feux de l’Amour, avant l’éventuelle piaule insalubre de l’ado rebelle qui rejette et repousse tout pour mieux se trouver… Enfin je pense que la métaphore est assez claire. Onécomdémézons.

Puis arrive le moment où d’autres maisons commencent à se construire dans le voisinage auparavant désert. Parfois des gens s’installent juste quelques temps, parfois on se fout sur la gueule avec certains voisins, jusqu’à ce qu’ils déménagent. Et parfois, des gens emménagent dans la maison juste à côté de la nôtre, et restent. C’est aussi rare qu’incommensurablement précieux…

Ce sont les voisins avec qui on parle de nos vies, et pas que de nos plates-bandes, ceux avec qui on partage des repas et des secrets plutôt que des platitudes, ceux à qui on garde un compartiment dans notre palpitant, et pas juste une place pour se garer devant chez eux… (même si cette dernière attention, qui relève plus de la politesse que de la marque d’amitié, semble échapper à certains bouffons de ma rue, mais je digresse…)

Et c’est grâce à eux qu’on se sent bien chez soi… (Les gens qui vivent à côté de chez nous, pas mes voisins tire-la-gueule^^). Ils nous aient à décider de la déco, ils sont là quoi qu’il arrive, que ce soit quand on fait un méchoui de quartier ou quand le toit s’effondre, ils nous conseillent et nous rassurent quand on craint qu’on mur soit trop fragile ou une pièce mal agencée.

Mais surtout, ils se sentent à la maison chez eux autant que chez nous. Sans adhérer systématiquement à nos choix de papier peint, sans forcément s’entendre avec nos autres voisins aussi bien que nous, sans craindre que de nouveaux arrivants pointent le bout de leur nez, parce qu’ils savent qu’ils ont leur place en face, que la porte est toujours ouverte, et que j’aimerai toujours passer prendre un verre chez eux…

 

(Forcément il termine sur une note d’alcoolique hé.)

 

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