Ou le RPG scolaire.
(Pré-précision : j’ai écrit le brouillon de cet article pendant mon stage, il était donc sensé venir AVANT l’article publié il y a quelques temps sur la culpabilité, ce qui explique que j’y fasse référence au FUTUR, et que dans l’intro je… vous comprendrez. Ça m’apprendra à pas publier les choses dans l’ordre…)
Avant toute chose, je tiens à présenter mes plus plates excuses (aussi plates qu’Ellen Page) aux 7 personnes qui lisent ce blog, pour mon silence et pour mon manque cruel de considération à votre égard… En même temps, maintenant que j’y pense, j’avais rien promis et j’étais surbooké alors je vois pas pourquoi vous montez sur vos petits poneys comme ça! Non mais… Murf, pardon, je suis un peu sur les nerfs en ce moment. J’en suis actuellement (Le actuellement de quand j’étais en stage, capisci?) à ma troisième semaine de stage en collège, où je joue les apprentis-profs devant quatre classes, et accessoirement devant l’enseignante qui me suit pendant cette épreuve. Forcément, je débute, je trébuche, je tâtonne, je me plante, je recommence, en bref c’est loin d’être parfait… très loin même… genre la même distance qui sépare Zach Galifianakis ou Russell Brand de la banalité. Et en bon bileux, je me mets une pression monstre. Ce qui nous amène d’ailleurs – ô la belleuh transitioooon – au thème qui nous intéresse aujourd’hui, qui est le…
Rapport à l’Erreur
Avant de crier « horreur », qu’est-ce qu’une erreur? C’est un manquement à la norme, une distorsion de la vérité – d’une vérité en tout cas, certaines sont subjectives – ou encore l’irrespect d’une règle établie, et souvent arbitraire. Lors d’un précédent stage, je m’étais étonné du fait que certains élèves se targuent d’être mauvais, et cherchent parfois à avoir la moins bonne note possible. Avec du recul, je serais prêt à parier que ce phénomène découle en partie du besoin d’appartenance à un groupe, accompagné du besoin de se dissocier du modèle « adulte » qui a servi d’exemple pendant l’enfance. Le fait de réussir scolairement étant prôné et même parfois exigé par les parents et par les enseignants, l’erreur et l’échec représentent un échappatoire, le moyen, THE moyen, de contester l’ordre établi. Bande de petits anarchistes.
Adolescents rebelles mis à part, l’erreur est pour beaucoup d’entre nous un concept associé à la honte, au découragement, à la frustration et tout un panel d’émotions plus réjouissantes les unes que les autres. Sans être la seule et unique cause, l’école est en grande partie responsable de ce rapport à l’erreur. En gros, l’école est comme un gigantesque jeu de rôle, et ceux qui se plaignent de devoir payer pour jouer à WoW devrait baisser d’un ton… Les profs sont les maîtres d’armes, les exos des monstres de base, les interros surprises des QTE, les contrôles de fin de séquence des boss, et la dame de la cantine un PNJ qui donne du free loot, souvent médiocre. Tant qu’on arrive à gérer, on level up de manière normale, on navigue de compétence en récompense et tout le monde il est content.
Mais si jamais on n’arrive pas à battre un boss, ou PIRE des bestioles de bas étage, on stagne, et tout le monde finit par nous voir comme un n00b de base. Malheureusement certains maîtres d’armes finissent par être les boss les plus flippants…
Et la chose la plus dure à ne pas perdre de vue, c’est que ce n’est pas parce qu’on n’arrive pas à tatanner un gus à un instant T qu’on n’y arrivera jamais. Seulement… dans un jeu il suffit de refaire le niveau, à l’école y’a pas de boutons sauvegarde/chargement rapide, juste une case « redoublement ». Pardon, « maintien ».
Pas simple de dissocier ce que je suis capable de faire de ce que je suis…
Ce que l’école a oublié de nous dire la coquine, c’est que dans « erreur », il y a « errer »… Je serais curieux de savoir combien d’élèves/étudiants voient l’apprentissage comme une aventure, une quête où l’on se perd parfois… Moi, personnellement, en ce qui me concerne, de mon point de vue, (kacedédi à qui se reconnaîtra^^) je veux apprendre à ne plus voir les erreurs comme des gigantesques parois de pierre qui m’empêchent de continuer à grimper, mais plutôt comme des marches – plus ou moins hautes – qui me servent à me hisser toujours un peu plus haut, plus prêt d’un hypothétique sommet… Je suis en train de lire un bouquin de Jean-Pierre Astolfi, où il explique que dans la majorité des cas, l’erreur est vue comme à la charge de l’élève -il est fainéant, dissipé, peu rigoureux, ou tout simplement nul – dans une perspective déterministe. De ce point de vue, les élèves comprendront s’ils s’en donnent les moyens. Donc s’ils ne saisissent pas, c’est bien de leur faute. bande de mollusques.
Dans un autre cas de figure, tributaire d’une approche comportementaliste où il suffit de bien enchaîner sa progression aux petits oignons et TADAAA tout le monde comprend *insert spakly rainbow here*, l’erreur est causée par un cours mal construit, et c’est le prof qui est fautif. Donc dans les deux cas, culpabilité ++.
Astolfi, monsieur pour qui j’ai beaucoup d’admiration à présent, propose donc une alternative, qui personnellement me plaît beaucoup : l’erreur est la preuve d’un progrès. Sans effort pas d’erreur, car si elle n’aboutit pas au résultat escompté, elle est la marque d’une démarche qui doit être reconnue, considérée, puis comprise afin de pouvoir instaurer un cheminement cognitif qui correspond à la « norme ». On peut même dire FUCK LA NORME et créer la nôtre. Anticonformisme que je t’aime…
Si on apprenait dès le début qu’une erreur peut être utilisée pour progresser, peut-être que le fait de se tromper au quotidien arrêterait d’être synonyme de culpabilité, de nullité et pour certains de paralysie. *this guyyyy*
Alors oui je sais, tout ça c’est bien compliqué, et bien plus facile à dire qu’à faire, et moi le premier je vis l’erreur de manière trèèèès très douloureuse parfois, et je me flagelle allègrement avec des branches de jonc quand je me plante (branche, plante, get it?). Tout ce que je veux c’est tendre vers ça, pour moi, et pour mes futurs élèves…